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Blue velvet
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Edité par De Laurentiis - 1986
Exquise esquisse de Lost Highway et Mulholland Drive, ce Blue Velvet nous entraîne dans un langoureux cauchemar au coeur de l'american way of life. Alors tout juste sorti de l'échec commercial de Dune, David Lynch revient aux sources du film noir classique. Pour mieux le pervertir, bien sûr... Sorte d'Alice au pays des horreurs, le film s'apparente à une véritable traversée du miroir. Deux mondes coexistent à Lumberton : le jour, une petite bourgade américaine tranquille, assoupie, ripolinée, composée comme un tableau à la Norman Rockwell ; la nuit, rôde un univers dominé par le sexe, la violence, le chantage, la perversion et la drogue. Chacun de ces univers est personnifié par une femme : la tendre Laura Dern, blonde, saine, typiquement américaine ; la vamp Isabella Rosselini, brune, chanteuse de cabaret, sensuelle et mystérieuse. Ainsi, avec ce capiteux Blue Velvet - titre d'une ballade rock sentimentale de Bobby Vinton qui fait figure de trait d'union sonore entre les dimensions diurnes et nocturnes de Lumberton... David Lynch pose les jalons de ses futurs chefs-d'oeuvre. Que ce soit par ses thèmes - retour aux grands classiques hollywoodiens, exploration des faux-semblants de l'Amérique, récit initiatique, dualité féminine - ou sa mise en scène dominée par les sensations physiques (images déformées mentalement, sonorités cauchemardesques, photo dominée par le bleu et le grenat, musique du fidèle Badalamenti, bande-son rock réunissant déjà Chris Isaak et Roy Orbinson). Blue Velvet bénéficie par ailleurs d'une distribution au diapason. Outre Isabella Rossellini dans un rôle désormais mythique, Dennis Hopper y campe un mémorable proxénète shooté à l'oxygène, et le "double " de Lynch, Kyle McLachlan, un candide peu à peu initié aux mystères de plaisirs adultes. Une oeuvre singulière et déroutante qui hante longtemps le spectateur, à l'image de son inoubliable plan d'ouverture. --Sylvain Lefort